chapitre 6
Prenant le bon itinéraire, je passe de la rive Droite à la rive Gauche. Je me sens rassurée. À minuit, nous arrivons au pont des Arts. Les vingtaines de personnes qui forment l’équipe sont déjà là : maquilleuses, stylistes, coiffeurs… Elles forment une masse compacte qui n’a ni queue ni tête, une sorte de fourmilière organisée qui s’agite à tout vent. Accompagnée de cris d’hystérie, je me retrouve avec des vêtements très style après-guerre. On « m’accessoirise ». Je me travestis dans la peau d’un personnage qui m’est étranger : une fille heureuse.
Sur une musique très sensuelle et « Vogue », je prends des poses. Ma vie est un cliché que vous pouvez feuilleter, à la manière des pages glacées des magazines de mode. Par jeu, je deviens l’amoureuse d’Adam. Temps suspendu. Je me penche dans le vide. Ellen me demande de le prendre par la main. Il me la tient très fort, je lui appartiens, je suis à lui. Après encore des moments de pauses, un raccord de maquillage, je l’embrasse de façon artistique comme sur la photo « le baiser de l’Hôtel de ville » de Robert Doisneau.
Adam me susurre cette question :
- Es-tu célibataire Fleur ?
- Oui.
- Comment est-ce possible, une jolie fille comme toi ?